JOUR 5 – L’APOCALYPSE S’ABAT SUR SETE – CARNET DE ROUTE 2016

Il est clair que le temps passe très vite. On est déjà mercredi, c’est notre troisième jour sur Sète, notre record de longévité dans une ville. D’ailleurs, après le petit-déjeuner encore pris sur le fil du rasoir, on se pose la question de l’avenir de notre aventure. Doit-on se rendre à un hébergement plus proche de la plage ? Doit-on se rendre dès à présent à Montpellier afin de découvrir l’animation de cette ville, dite étudiante ? Doit-on se rendre tout simplement à la plage et se baigner ? Toutes ces interrogations sont présentes et peu de réponses actuellement. Après la douche et la toilette, Thibault propose de chercher un Airbnb à Montpellier. Il nous précise que sa copine, ainsi qu’une amie à elle, pourraient nous y rejoindre et qu’au moins nous serions au calme, au propre et tranquilles pour les derniers jours.

Ainsi, l’ancien étudiant en école de commerce à Nantes lance plusieurs demandes d’hébergement sur Montpellier et ses alentours via l’application. « Mais comment va-t-on aller aux fêtes Saint-Louis qui ont lieu demain ?, demande Loïc.
Au pire, on fait l’aller – retour en TER !, lui suggère Thibault.
Ouais, ‘fin bon, ça veut dire passer la nuit dans la rue quand même, car tu n’as pas 100.000 trains la nuit, voire zéro. Il faut que ça vaille le coup, lui rappelle-je. »
On n’est jamais d’accord, mais c’est ce qui fait notre charme. D’ailleurs, c’est assez drôle, car Sonia, la réceptionniste, nous surnomme les « 7 nains », aucun rapport avec notre taille, ni avec notre nombre. Elle trouve simplement qu’on a chacun notre « rôle » dans la bande. Léo est Dormeur, Loïc est Grognon, Lucas est Prof, Thibault est Joyeux et moi ceux qui restent, bien que la salariée de l’auberge m’ait renommé Charmeur. Ainsi, nos personnalités différentes font que nos décisions sont à la fois mûrement réfléchies et à la fois très compliquées à prendre. Un peu comme mettre d’accord les députés d’un même parti à l’Assemblée nationale….

« C’est de l’orage ? »

C’était décidé. Nous cherchons des logements peu chers sur Montpellier, mais si à 13 heures, nous n’avons pas de réponse, nous partirons à la plage de Sète et ce, sans que personne ne nous y empêche. Nous devons ne pas rester immobiles et ne pas rater à nouveau une virée à la mer, tel hier, nous effrayés par quelques nuages et de la brume. Après un déjeuner classique, « plats de pâtes », le JT de Jean-Pierre Pernaut doit certainement commencer pour ceux qui ont la télé allumée sur la Une, c’est-à-dire qu’il va être 13 heures. Aucune nouvelle de part et d’autre des individus contactés sur l’application, ça ne sent pas bon pour un départ vers Montpellier.

Le ciel est beau. D’un bleu très clair. Le soleil tape assez fort. Cela me convainc de faire une petite lessive. Je propose à Léo de se joindre à moi. On sépare le blanc des couleurs, surtout du rouge. Mon collègue aux cheveux bouclés me raconte la fois où son père a oublié d’enlever le rouge du blanc. Je ne vous décris pas le résultat mais le Parti socialiste en serait fier, si vous voyez ce que je veux dire. En lavant mes affaires avec du savon de Marseille, j’entends des bruits sourds perturbés la chanson que je fredonnais. Je regarde Léo. « C’est de l’orage ? ». Il est désormais presque 14 heures et Sonia arrive près de nous. « Déjà, tu devrais arrêter de chanter et surtout ne restez pas là, ça va tomber », nous indique-t-elle. Je souris. Jamais il ne pourrait pleuvoir, il faisait tellement beau. Une première goutte tombe sur mon crâne, ça y est, ça ne sent pas bon. Je cours piquer des chaises, alors que la pluie se fait doucement sentir. Sur ces chaises, je jette toutes nos affaires et les range dans les toilettes du camping.

Je vois les gars arriver en courant pour ranger rapidement ce qu’on a laissé autour de la tente, avant de redescendre près de l’accueil. A nouveau, j’entends des coups de tonnerre assez puissants, et ce coup-ci des éclairs. C’est la drache assurée. Je n’ai pas eu le temps de récupérer un t-shirt propre et sec, donc je me retrouve torse nu. Dans l’une des grandes salles de restauration, nous sommes autour d’une table à nous poser la question : « On fait quoi ? » Ce coup-ci, c’est sûr, la plage, c’est mort. Une tempête de grêle déferle sur les rues en pente. Être sur la plage doit être l’apocalypse, un enfer. Se retrouver au chaud entre potes est un beau sursis. On re-vérifie si les AirBnB n’ont pas répondu. Une dame nous a laissé un message mais il ne semble pas y avoir de clés dans l’appartement, qui est en plus très excentré des quartiers animés. Puis, surtout, ça ne sent pas bon, la responsable de l’offre n’habite pas en France…mais aux Etats-Unis. On fait vite une croix dessus.

Lune de miel à Sète

Dans la panique, Loïc a pris le jeu de cartes de Tarot. Il est malin mon Belge. N’empêche, il s’est rapidement fait une place dans le groupe. Sans être du style à se tirer la révérence,  il s’est fait remarquer par ses grognements pour chacun des efforts sportifs à réaliser, mais il s’est très vite adapté à notre équipe de Parisiens. D’ailleurs, nous abusons parfois, à lui faire des blagues sur les habitants Outre-Quiévrain. Honnêtement, quand on est seul pour se défendre, face à quatre tacleurs comme nous, ce n’est pas la tâche la plus simple. Son passif de vacanciers en France lui a forgé les épaules pour riposter à chacune de nos piques. Agile.

Cette partie de tarot m’ennuie un peu, non pas que je n’aime pas les cartes, au contraire, mais le temps de latence, ralenti par les difficultés d’assimilation des règles et la fatigue due au temps infernal, me donne l’impression que nous jouons depuis des heures. Nous avons à peine terminé une partie. « Léo, tu ne veux pas qu’on aille se boire un truc, j’ai la gorge sèche, lance-je à mon camarade de lessive.
Partez pas trop longtemps, nous signale Lucas. »

C’est la patronne de l’auberge qui gère à ce moment le bar, il y a tout le monde ici de toute façon…Avec ce temps… « Une sangria, s’il vous plait ! », commande-je. Il n’y en a plus, la responsable me propose son rosé fruité à la cerise. Elle me promet que je vais me régaler, Léo me suit. Souhaitant fumer sa clope, Léo m’invite à l’accompagner dans un coin à l’extérieur au sec et loin des violentes rafales de vent qui n’ont cessé d’agiter les chaises à l’extérieur. Nous goûtons cette nouvelle boisson. Elle ne m’a pas menti, c’est vraiment exquis, assez fruité et alcoolisé, ce qu’il faut pour s’hydrater, n’est-ce pas ?

Un gars à l’intérieur s’approche et nous interroge sur la ville et les événements qui vont avoir lieu. Comme à notre habitude, nous lui narrons les grandes lignes de notre aventure, les quelques rencontres, le Cap d’Agde, le port de Sète et même la maison abandonnée. Lui s’appelle David, il a 28 ans et est informaticien. Ce ne sont pas de simples vacances pour lui ici, c’est sa lune de miel. En effet, il est venu avec sa femme, sa belle-sœur et ses deux filles. Très fier de nous les montrer, il nous explique que sa femme et lui se sont mariés il y a moins d’une semaine, et que cela fait uniquement deux semaines qu’ils vivent sous le même toit. En couple depuis dix ans, les nouveaux mariés avaient tout investi pour construire une maison, à leur goût, dans la banlieue toulousaine. Il nous confie que tout ça s’est fait dans la précipitation, même s’ils parlaient depuis un moment, de s’unir et de vivre ensemble. Et l’auberge de jeunesse, David avoue qu’il l’a choisie sur un coup de tête. Il cherchait un coin paisible, sans trop de touristes et à la fois proche de la mer. Bim, Sète ! En plein dans le mille. Cinq ans nous séparent avec lui, ainsi que deux mondes différents. Lui est casé, avec un métier, des enfants, une maison. Nous sommes célibataires, tout juste en fin d’études et encore chez nos parents.

Enfin une bonne bouffe !

Au fur et à mesure, les autres pensionnaires arrivent au compte-goutte dans l’auberge, tout trempés et épuisés. Cela nous fait penser que nous avons lâché les trois autres sur la partie de tarot. En retournant dans la salle, on se reçoit des « vous étiez où ? » et des « on l’a finie quand cette partie ? ». Avec un doux sourire, Léo leur annonce : « Je crois qu’elle est finie. »  L’orage a duré réellement toute l’après-midi et nous n’avons pas eu de nouvelles des AirBnB. Inconsciemment, nous avons fait le bon choix de ne pas bouger aujourd’hui, car nous aurions eu la pluie toute la journée et à Montpellier, nous n’aurions eu aucun logement. Encore pire, via un « push » -vous savez ces notifications d’applications de médias, j’apprends qu’un grave accident a eu lieu en début d’après-midi sur un TER passant par Sète et juste avant Montpellier. Le message décrit des dizaines de blessés à la suite d’une chute d’un arbre sur les rails. Ce train, nous devions le prendre si nous avions eu un AirBnB dès ce matin. Avec des « si », le monde serait différent.

Pour ce soir, après avoir passé cinq jours à manger des plats low-cost, sur un commun accord nous choisissons de faire une bonne bouffe, celle qui coûte certes un peu plus chère mais qui vaut le coup. Toujours autant débats, dont ma forte participation, pour savoir ce qu’on mangerait, afin que ça plaise à tout le monde. En utilisant l’application « TripAdvisor », un restaurant de hamburgers attire notre attention. Avec 4,5 étoiles sur 5 et des photos alléchantes, sans compter ce petit détail mais toujours rassurant de « Fait maison », nous optons pour le « Goldburger », situé à deux pas du port et des petits bars aux alentours. Parfait donc !

En pénétrant dans le « fastfood » deluxe, deux femmes sont aux fourneaux, une mère et sa fille. La plus jeune prend les commandes, pendant que les steaks cuisent entre les mains de son parent. Immédiatement, ils reconnaissent que nous sommes des touristes et se moquent un peu de nous. La jeune trentenaire est assez taquine, alors que sa mère essaye, avec le sourire de nous provoquer, nous les jeunes gars qui venons de la capitale (française et belge !). A la découverte de la carte, notre appétit grandit à une vitesse exponentielle. Comment choisir entre le « Suprême poulet » (Poulet pané, cheddar, bacon, salade, tomate, sauce curry) et l’ « italien » (Steak haché frais, aubergine, poivron, mâche, roquette, tomate confite, parmesan, sauce câpre) ? Certains commandent le premier, d’autres le second. Ce sont ces deux sandwichs qui font le plus de ravage. Au moment de payer, je vois que la demoiselle blonde commence à faire de la gringue à Thibault. Ce qui ne semble pas lui déplaire, même si ça lui passe un peu par-dessus, il aime en jouer. L’ex-étudiant d’Audencia tente de négocier un lieu où être hébergé en alternative de l’auberge de jeunesse pour les prochains jours ! Mais, en vain, son charme n’aura pas le pouvoir non plus d’ouvrir tous les cœurs….les maisons à lui.

Le flair du bar

C’est un délice. On se goinfre pour la première fois autour d’un plat de bonne qualité. Les frites, aussi faites maison, sont croustillantes et ont encore un meilleur goût mélangé à la sauce moutarde, que j’avais soigneusement appliqué au bord de mon burger. Nous sommes face à une télévision, qui diffuse alors, la dure défaite de la France contre les Espagnols en basketball lors des Jeux Olympiques de Rio. J’aurais bien aimé voir une victoire en direct, surtout que je n’avais que très peu suivi cette année les JO. J’ai même raté le sacre de Teddy Riner, j’étais en Espagne à cette période. En finissant nos assiettes, un petit bidon s’est formé sur chacun de nos bas-ventres, synonyme que nous sommes rassasiés.

Pour digérer, que peut-on faire de mieux qu’une petite balade ? Pour cela, nous démarrons une balade près des bateaux, peut-être allons-nous trouver un bar pour boire quelques bières ? Aujourd’hui, on n’a pas rencontré grand monde, c’est surement le signe qu’on a fait le tour de Sète et qu’il est temps de partir ! Au bord du canal, nous passons à côté de chaque bar, mais les prix semblent assez élevés. Si on pouvait éviter de racler en consommation d’alcool, ce serait le top. Puis, on voulait un coin sympa aussi, pas le premier bistrot du coin de la rue. Ainsi, de terrasses en terrasses, on se fait soit alpaguer pour nous supplier de s’asseoir, ce qui est particulièrement étrange, soit comprendre qu’il n’y a plus de places. Une galère. Thibault décide de trancher en allant d’un bar qui ne paye pas de mine, une sorte de restaurant de fruits de mer. Il y a de la place et on peut négocier les prix de Happy Hour. Moi, personnellement, ça me tente moyen. Ayant encore l’espoir de trouver mieux, je leur dis que je continue encore un peu sur la route, mon flair me guide vers le bout de la rue, où il semble y avoir d’autres lieux de beuverie.

Une soirée relancée

Au bout de la ruelle, une grande terrasse aux couleurs rouges avec un style « jungle », des plantes et des tonneaux peints aux couleurs de zèbre arboraient la petite place. De première vue, ce bar a tout pour plaire, mais encore faut-il qu’il soit correct au niveau des consommations et des prix. Je vois deux filles, une blonde et une rousse sur une table du « Bar du Vieux Port ». Elles doivent avoir tout juste la vingtaine. « Salut, excusez-moi de vous déranger. Ce bar vaut le coup ?
Ouais, on l’a trouvé récemment et c’est plutôt sympa. Mais nous, on n’est pas d’ici, on est à Sète depuis lundi pour les vacances, me raconte l’une d’elles.
C’est drôle nous aussi. On est à l’auberge de jeunesse au sommet de Sète.
Nous aussi, on est à l’auberge, relance-t-elle. »
La situation est assez similaire de celle de mon premier jour à Narbonne, avec Blanche. Je tombais sur des personnes dans la même configuration de « vacances » que la mienne. De ce fait, je leur propose que l’on puisse les rejoindre, les cinq mecs à leur table. Elles disent oui.

Je fais signe à l’équipe que j’ai trouvé un bar et nous nous asseyons tous autour de la double-table désormais, vu que nous avons plus que tripler le nombre de personnes. C’est mon tour normalement de payer à boire ce soir. Nous nous sommes tout répartis selon une application, l’argent que nous dépensons et afin d’être tous égaux, chacun paye à tour de rôle. Le bar ne prend pas la carte bleue, évidemment. Moi qui avais démarré la discussion avec les deux jeunes filles, je me retrouve à ne pas pouvoir boire et à chercher un distributeur dans Sète. Je marche, je marche. Je tombe sur des distributeurs…qui ne marchent pas. Je continue ma quête. Toujours rien. Quelle malchance. Et il fait chaud. Sous mon t-shirt, je commence à suer. Je reviens penaud au bar, avec cette déception de ne pas pouvoir payer. C’est finalement Léo qui a mis quelques billets pour payer sa tournée. En arrivant, je découvre surtout qu’un nouveau gars est à notre table. Un grand bonhomme, avec une casquette, un jogging et un collier avec une croix. Soyons dans le cliché, je l’appelle Kevin.

Je vous épargne l’ensemble de la soirée dans le bar, entre multiples cocktails et pintes que nous prenons. Le courant passe plutôt bien dans le nouveau groupe. Seul Kévin se sent un peu à l’écart. Si le gars nous a rejoints à la table, c’est parce que Thibault a remarqué qu’il est aussi dans notre auberge de jeunesse, comme il est seul, notre bon cœur a fait que nous l’avons convié à notre soirée. Pour la petite explication, il vient de Grenoble, il a eu un souci avec sa voiture et devait absolument venir sur Sète. D’office, il nous balance qu’il n’a pas fait beaucoup d’études et qu’il se sent totalement dépassé lorsque nous parlons d’universités et d’études supérieures.

La disposition des tables fait que deux petits groupes se sont créés. Assis sur la dernière chaise vide après ma recherche désespérée, je me retrouve à côté de Kevin et de Lucas, mais je lance la discussion à l’une des deux filles qui est la plus proche de moi : Claire. Elle va sur ses 24 ans, rien à voir donc avec mon estimation d’origine, plus proche des 20 ans. Le feeling passe très vite entre nus deux, puisqu’elle a terminé ses études dans le milieu de la production, après avoir notamment réalisé un stage chez Shine France. C’est la boite de production de « The Island » ou « The Voice ». Ayant une appétence pour les médias, nous avons de suite accroché, perdant complètement le pauvre Kévin, qui m’assure, pour exister dans la conversation, regarder Arte, sa chaîne préférée. Claire est donc venue à Sète avec son amie Hortense. Pour tout vous dire, j’ai compris qu’elle travaille dans le milieu de la communication ou l’évènementiel, mais elle parle beaucoup plus avec les autres garçons. Je n’ai pas eu beaucoup de temps d’échanger avec elle, bien qu’elle soit plus que cordiale et très drôle. Tous les jours depuis lundi, elle planche sur son ordinateur portable, pour un projet, une sorte de site, si mes souvenirs sont bons. Les deux filles se trouvaient avant à Clermont-Ferrand, en Auvergne. Elles vivent un peu entre le 63 et la capitale. Une double-vie en quelque sorte. Mais le travail se trouve principalement à Paris…

La maison « hantée »

C’est un nouveau groupe que nous venons de construire…sans Kévin qui quitte le groupe, il ne veut pas remonter à l’auberge. La sentence est irrévocable. De notre côté, l’équipe de « Sète » (et de sept) décide de partir du port et de se diriger vers notre hébergement. En grimpant, on se souvient qu’il nous reste un peu d’alcool. Un bon moyen de poursuivre la soirée. Au bar, les discussions allaient à tout va et logiquement nous avons parlé de la maison abandonnée visitée hier. De ce fait, Thibault propose aux filles qu’on aille leur faire découvrir l’urbex ! Un plaisir donc ! Avec quelques bières et une bouteille de whisky coupé au coca-cola, tout est parfait.

Direction le manoir, on repasse par-dessus le muret, on aide les filles, qui sont petites de taille, on traverse les hautes herbes et on arrive sur la terrasse  du rez-de-chaussée, qui offre un panorama grandiose sur la ville. Le vent frappant sur les feuilles donne le sentiment d’une respiration sourde. Les hululements de hiboux plongent l’instant dans une ambiance sombre et glauque, même si Claire est persuadée que c’est un humain imitant mal l’oiseau. Cette drôle atmosphère fait susurre à l’esprit de Lucas l’idée de faire une blague aux filles. C’est limite obligé, vous voyez le contexte : cinq gars qui connaissent un lieu laissé à l’abandon invitent deux jeunes filles. Bon, non, dis comme ça, ça donne l’impression d’un début de page faits-divers dans le canard du coin. Bref, le canular du musicien à l’arche, est de se cacher dans la maison en avance pour effrayer les filles lorsque nous allons visiter les pièces. Pour cela, Lucas me met dans la confidence et souhaite que je les convainque d’entrer sans lui, alors que ce dernier serait parti aux toilettes dans les buissons. Sauf que les filles ne sont pas dupes. « Attendez, on se compte ! Il manque quelqu’un », alerte Claire. Le sketch est perdu d’avance…mais j’essaie de tenir le gag jusqu’au bout et je leur dis que je me moque d’où se trouve Lucas.

En entrant dans la porte principale, je ne sais absolument pas où le gaillard à lunettes se situe, il est passé par la porte de derrière (de la maison). Ainsi, de pièces en pièces, je suppose que les filles savent que Lucas se cache mais ont simplement la trousse qu’il apparaisse d’un coup, par surprise. Nous nous arrêtons dans l’un des balcons. Hortense s’écrie : « Y’a quelqu’un dans le buisson là-bas ». Je tourne la tête, je ne vois personne. Toute la soirée tourne ainsi entre réalité et bluff. Claire tombe en premier lieu dans le panneau de sa copine, alors que cette dernière lui fait un clin d’œil. La blague n’a quasiment pas tenu et commence juste à me prendre la tête. Après un commun accord, on sort de cette maison. Nous avons épuisé toute notre imagination pour inventer des histoires de ce lieu. On en a un peu marre, cela sent la fin de la soirée. Les filles expliquent qu’elles aimeraient se lever tôt demain pour voir le lever du soleil au belvédère. Habituellement, c’est une chose qui nous tenterait, mais là, nous sommes tout de même dans un sacré état de fatigue. Depuis le début du séjour, nous buvons en grande quantité et nous nous couchons très tard, chaque soir, avec des réveils assez tôt. Me réveiller pour un lever de soleil, je l’ai fait l’année dernière en Corse sur le ferry, je crois que j’ai donné ! Pour la prochaine fois !

Ce cinquième jour se termine donc ainsi, par un retour à l’auberge de jeunesse avec deux nouveaux compagnons de route. Dans la journée, lors de la violente tempête, les filles racontent qu’elles ont dû fuir les plages face à la puissance de la grêle. Finalement, encore une journée avec de nouvelles rencontres, pas si ratée que ça. Autour des tentes, tout est calme, pas un bruit. Il est loin le temps où il y avait les jeunes (et les moins jeunes) participants du « demi-festival » qui avaient investi les lieux. Désormais, nous ne sommes que les derniers trublions de l’auberge. Avec les filles, on s’est mis d’accord pour se retrouver le lendemain à la plage, histoire qu’on y aille au moins une fois, une dernière. Mais resterons-nous une nuit de plus à Sète ? Trouverons-nous un AirBnB ? Que va-t-il se passer lors des fêtes de Saint Louis ? Encore une fois, on vit au jour le jour, les réponses à ces questions se feront demain. Là ? Dodo.

 

 

 

 

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